Considéré par les druides comme remède universel, le gui (Viscum album) est reconnu pour ses vertus bénéfiques en cas d’hypertension. Il est également employé en oncologie comme traitement d’accompagnement des thérapies classiques, où il révèle des propriétés protectrices cellulaires.
Plante des druides par excellence, le gui est le symbole de l’immortalité. Perpétuellement vert, le «Bois de la sainte Croix» reste vivant quand l’arbre qui le porte semble mort. Il se nourrit en suçant la sève de son hôte. Semi-parasite, il contient de la chlorophylle (qui participe à la photosynthèse), ce qui lui confère sa couleur jaune olive. Il peut vivre une trentaine d’années; pour déterminer l’âge d’un gui, il suffit de compter le nombre de ramifications (une par année) en remontant la tige principale, qui peut atteindre le diamètre d’un doigt, voire d’un pouce.
Le gui se développe entre ciel et terre. Il faut donc lever la tête, en hiver de préférence, pour l’apercevoir, accroché aux branches d’un chêne, d’un hêtre, d’un sapin, d’un peuplier, squattant un buisson d’aubépine ou même certains fruitiers. Il est très présent le long des cours d’eau et dans les marais, ainsi que sur les grèves des lacs de Morat et de Neuchâtel. Dans le bois de Finges, en Valais, des guis se pavanent sur les cimes des pins; il faut alors bien regarder pour pouvoir les repérer parmi les branches des résineux.
En latin, viscum signifie «visqueux» et album «blanc». Les deux termes font référence aux fruits du gui, d’un blanc vitreux, dont la pulpe translucide contient un mucilage (la viscine) et des graines légèrement toxiques pour l’être humain. Ironie du sort, cette substance collante a longtemps été utilisée pour capturer les oiseaux, ceux-là mêmes qui assurent sa diffusion. Ainsi s’explique le proverbe latin malum sibi avem cacare, qui signifie «l’oiseau chie son propre malheur».
Au premier rang des volatiles qui servent d’«ascenseurs naturels» à la propagation du gui, il y a la grive draine; elle lui doit son nom scientifique, Turdus viscivorus, littéralement «qui mange du gui». Les volatiles picorent les baies et digèrent leur pulpe. Les semences enrobées de viscine sont rejetées dans leurs fientes, qu’ils lâchent en plein vol ou à l’occasion d’un arrêt sur un arbre, où la graine «prendra racine» en perçant l’écorce. Il existe un second mécanisme de dispersion, plus direct: avec leur sève visqueuse, les baies collent au bec de l’oiseau, qui s’en débarrasse en le frottant contre l’écorce d’un arbre.
En observant les boules du gui, l’anthroposophe austro-hongrois Rudolf Steiner eut l’idée d’utiliser ce végétal dans le traitement des tumeurs. Il releva plusieurs analogies entre la plante et la maladie, notamment son mode de développement particulier (comme un ballon qui gonfle). L’intuition de Rudolf Steiner a été confirmée par des recherches réalisées sur des extraits de gui; la plante est aujourd’hui utilisée pour ralentir la progression du cancer. Celui qu’on nomme aussi le «gui blanc» contient notamment de la lectine – qui a un effet sur le système immunitaire – et de la viscotoxine – qui a une action antitumorale. Il renferme également de précieux principes actifs comme la choline, des principes amers, la quercétine et du magnésium. Ces substances ont un effet vasodilatateur (qui ouvre les vaisseaux) et abaissent la pression sanguine, fortifient le cœur, calment les saignements, stimulent le métabolisme et luttent contre les spasmes musculaires.
Malgré ces bienfaits, le gui a longtemps eu une réputation sulfureuse. Dans certaines régions, on ne consommait pas les fruits d’un arbre porteur de gui, de peur d’être empoisonné. Le surnom de «nid de sorcières», qu’on retrouve en allemand sous l’appellation Hexennest, proviendrait sans doute de cette croyance.
Utilisation
Récolte. On utilise les petites branches séchées du gui, avec les feuilles et les fleurs, mais sans les baies qui sont toxiques. La plante broyée doit être conservée à l’abri de l’humidité.
Macération à froid. Contre l’hypertension, les vertiges, les maux de tête dus à l’artériosclérose, le manque de concentration, les acouphènes. Conseillée chez la femme lors de règles abondantes et de bouffées de chaleur en période de ménopause. Utilisée jadis contre l’épilepsie. Faire macérer à froid dans une tasse 1 cuillerée à café de feuilles séchées et coupées, durant au moins 4 heures ou pendant une nuit. Filtrer, réchauffer et boire à petites gorgées durant la journée, après les repas.
Teinture mère. Même indication, mais aussi protecteur cellulaire.
Symbole de l'an neuf
«Lors des fêtes de fin d’année, on suspend des branches de gui dans les maisons, à l’entrée du corridor ou au-dessus de la porte. Un baiser échangé sous le gui apporte bonheur, joie et chance. Cette coutume est sans doute issue de la tradition celte, où le nom du gui signifie «guérit tout». Les druides, qui le considéraient comme un remède universel, le coupaient en forêt le sixième jour de l’année celtique, au moyen d’une serpe d’or. Respectant sa vocation aérienne, ils le faisaient tomber dans un linge et le transportaient ainsi afin qu’il ne touche jamais le sol. Lorsque des ennemis se rencontraient sous le gui dans la forêt, ils devaient déposer leurs armes et observer une trêve jusqu’au lendemain.»
Texte tiré du livre Les secrets du druide 1 - Voyage dans l'herbier médicinal de Claude Roggen, pp. 164-166, Editions du Bois Carré, Domdidier, 2018. En vente dans les drogueries Roggen et sur notre boutique en ligne shop.roggen.ch
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