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Le druide de Domdier livre ses secrets


Article publié le 4 mai 2016 dans La Liberté (www.laliberte.ch)

Claude Roggen, retraité de 75 ans, a appris à apprivoiser les herbes thérapeutiques depuis plus de 50 ans. © Alain Wicht

Plantes médicinales • Le droguiste Claude Roggen, connu au-delà du canton pour la qualité de son travail, a sélectionné cinquante végétaux dans un ouvrage qui paraîtra lundi. Au menu: anecdotes, conseils et recettes.

Delphine Francey

Chaque plante médicinale a ses vertus mais aussi ses histoires. Claude Roggen, droguiste et herboriste de Domdidier âgé de 75 ans, en connaît un rayon. «Lorsque l’on regarde les feuilles du millepertuis à la lumière, on observe des petits trous. On raconte que lorsque Dieu a créé la Terre, il a oublié d’enfermer le diable en enfer. Il a planté une fougère et l’a laissée pousser, ses branches formaient un entonnoir. Le diable fut attiré par l’obscurité et glissa au fond de la terre. Dieu, dans sa bonté, le laissa quand même sortir à minuit, à la première pleine lune. Le diable utilisa alors les feuilles de la fougère comme une échelle», raconte avec enthousiasme le retraité en poursuivant: «Comme dans toutes les histoires, il y a toujours un «mais». Mais le diable était si furieux d’avoir été banni qu’il saccagea avec sa fourche la première plante qu’il vit: le millepertuis. Le bon Dieu, pris de pitié, colmata alors les trous avec de la lumière…»

En plus de cinquante ans d’activité, la mémoire de Claude Roggen regorge de contes de ce type. Le retraité a l’habitude de les partager lors de ses randonnées botaniques très prisées. Mais pour la première fois de sa carrière, il a décidé de compiler son savoir dans un livre. L’ouvrage intitulé «Les secrets du druide. Voyage dans l’herbier médicinal de Claude Roggen» paraîtra lundi. Tirée à plus de 5000 exemplaires, la publication sera adaptée et traduite en allemand au printemps 2017. Présentation en exclusivité.

Une balade botanique

«Les secrets du druide» se présente comme une balade botanique qui part de la maison, pour se terminer à la montagne, en passant par le chemin, la prairie et la forêt. Le lecteur découvre au fil des 250 pages, cinquante plantes médicinales connues et moins connues, qui poussent à nos pieds et qui sont importantes pour leurs effets thérapeutiques. Ces portraits s’articulent autour d’anecdotes, de conseils pratiques et d’informations plus techniques. «L’idée de coucher sur papier mes connaissances me trottait dans la tête depuis plusieurs années déjà. Mais c’était sans compter sur l’enthousiasme de ma belle-fille Cathy. Sans elle, le livre ne serait jamais paru», assure Claude Roggen.

Le Diderain a ainsi rassemblé sa mémoire sur des notes et les a transmises à Cathy Roggen-Crausaz et Annick Monod. Les deux journalistes indépendantes se sont ensuite attelées à la rédaction à quatre mains en vulgarisant et résumant les propos du droguiste. «J’estimais important de transmettre et de garder cette connaissance. Et de rappeler que près de chez nous il y a des plantes qui peuvent nous soigner», explique Cathy Roggen-Crausaz.

Illustrateur prestigieux

Les végétaux sélectionnés sont illustrés par des photographies inspirées de l’herbier médicinal de l’époque. Les auteurs ont également pu compter sur la prestigieuse collaboration de l’illustrateur Etienne Delessert, papa de Yok Yok qui a travaillé notamment avec le «New York Times» et «Le Monde». L’artiste a ainsi réalisé la couverture du livre qui présente un mortier dans lequel sont installées des plantes et une demi-lune. Au pied, se tient le druide, un bouquet de plantes à la main. Etienne Delessert a aussi dessiné les cinq entrées de chapitre.

Notons que la préface est signée du Diderain Pascal Corminboeuf. L’ancien ministre fribourgeois décrit son ami Claude Roggen comme le druide «de la race des authentiques». I

> «Les secrets du druide» sera en vente dès le 9 mai sur le site internet www.boiscarre.ch, dans certaines librairies et dans les drogueries Roggen. Prix: 49 francs.

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Une histoire de famille

Né le 2 octobre 1940 à Meyriez, Claude Roggen suit très tôt les traces de Roland, son père droguiste. Ce dernier ouvre le magasin de Domdidier en 1952 avant de quitter les lieux deux ans plus tard en raison de tracasseries administratives. Après avoir rencontré Vreni, l’amour de sa vie, lors d’un remplacement dans une droguerie de Soleure et l’avoir épousée, Claude Roggen revient dans la Broye en 1966 pour gérer la succursale dideraine. Au fil des ans, le couple se forge une bonne réputation au-delà des frontières cantonales. Il remplit ses rayons avec des remèdes naturels organisés autour des plantes médicinales et prône l’alimentation saine et le bien-être. «Chaque client est un cas différent. Il faut considérer l’homme dans sa globalité et ne pas seulement se focaliser sur les symptômes. C’est comme le pompier, il éteint le feu et non pas l’alarme», image le droguiste. «Notre philosophie est de conseiller aux gens des remèdes que nous prendrions. Et aussi de consacrer du temps pour les écouter.»

Le Diderain a entretenu son savoir à travers les ouvrages, mais aussi les rencontres dont celle avec Roby Quinche, droguiste vaudois. «Il enseignait la botanique aux apprentis droguistes. Il nous a appris à aller sur le terrain, à toucher les plantes», se remémore-t-il. Dans les années 1970, Claude Roggen doit le remplacer au pied levé pour une randonnée botanique guidée. Il prend goût et attrape le virus. Aujourd’hui encore, il anime des balades et des ateliers sur l’alimentation. Le septuagénaire avoue que l’une de ses grandes fiertés est que trois de ses quatre enfants ont suivi ses traces sans qu’il ait dû les forcer. Sonja s’est spécialisée dans les fleurs de Bach, Christophe gère la droguerie d’Estavayer-le-Lac et Emanuel les succursales de Domdidier et de Romont. Seul Roland a choisi d’être cuisinier. Atteint d’un diabète juvénile depuis l’âge de 10 ans, il est décédé l’an passé. DeF

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Les vertus de trois herbes thérapeutiques

Pulmonaire

Ses atouts? Elle fortifie les tissus des bronches et calme en cas d’irritation. La pulmonaire est surtout utilisée en cas de catarrhe des bronches, de toux grasse, de grippe, de bronchite, d’inflammation du pharynx et du larynx. On la trouve en bordure de forêt. Claude Roggen conseille de couper la plante entière en dessus de sa racine puis de la sécher en faisant un bouquet et de le suspendre tête en bas. En tisane, verser de l’eau bouillante sur 4 grammes de la plante séchée et infuser 5 minutes. Filtrer et boire trois fois par jour après les repas. On peut aussi manger les jeunes feuilles crues en salade.

Tussilage

«Son nom provient du latin «tussis» la toux et «agere», éloigner. Cette plante s’appelle donc «j’éloigne la toux», précise Claude Roggen. Le tussilage préfère les terrains pauvres et les sols sablonneux, calcaires ou argileux. Il contient notamment des tanins, des huiles essentielles, des saponines et des sels minéraux. Son effet est expectorant (augmente l’expulsion du mucus des bronches) et anti-inflammatoire. Il est conseillé en cas d’irritation des bronches. Claude Roggen le prescrit en tisane contre la toux irritative, sous forme de teinture mère ou de miel aux fleurs de tussilage.

Herbe à robert

Pour la trouver, direction les forêts ombragées, les haies et les fourrés, sur les murs et dans les zones humides. L’herbe à Robert favorise notamment la fécondité. Il se consomme aussi en tisane contre la diarrhée et les inflammations intestinales. Mettre une cuillerée à soupe de la plante séchée et hachée dans une tasse d’eau bouillante, infuser 5 minutes et filtrer. Boire après le repas. Cette plante est aussi utilisée dans le bain pour traiter entre autres l’eczéma et le psoriasis. Faire cuire une poignée d’herbe à Robert dans un demi-litre d’eau, infuser 5 minutes, passer et verser dans l’eau du bain.

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Les nouvelles éditions du Bois Carré

Le livre «Les secrets du druide» voit le jour en même temps que les Editions du Bois Carré. Cette structure a été créée par la journaliste indépendante Cathy Roggen-Crausaz et son mari droguiste Emanuel Roggen. «J’ai fait des études en lettres. C’est un bout de rêve qui se réalise, d’avoir sa propre maison d’édition», admet la quadragénaire en ajoutant: «L’avantage a été de disposer d’une liberté totale en termes de rédaction et de temps à disposition.» Les Editions du Bois Carré se destinent pour l’heure à la publication d’ouvrages en lien avec la nature et ses bienfaits. Le choix du nom s’inscrit dans cette vision puisque le bois carré est l’autre nom donné au fusain, ce buisson qui sert à fabriquer des bâtons de charbon utilisés en dessin. Malgré un coût financier plus important, Cathy Roggen-Crausaz a opté pour la proximité en imprimant le livre chez Saint-Paul à Fribourg et en le reliant chez l’entreprise fribourgeoise Schumacher. Pour compenser ce manque à gagner, une campagne de financement participative a été lancée et a permis de récolter 11 000 francs. DeF


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